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La réussite d'un livre...aléatoire? par Thierry-Marie Delaunois
Il n'existe point de recette miracle, paraît-il, pour assurer le succès d'un ouvrage, bien entendu, mais il est toujours intéressant de rappeler certaines réalités à ne point dénigrer...
Tout d'abord, chaque publication est un pari qui comporte un risque car les réactions des libraires et du public ne sont pas prévisibles...ou très rarement. Il arrive qu'une oeuvre ne se vende pas mais que, publiée une nouveau fois quelques années plus tard par un éditeur de notoriété équivalente, elle se vende bien. Etonnamment. Les éditeurs sont souvent les premiers surpris du succès d'un best-seller. Le public apprend alors plus tard, en lisant la presse, que tel ou tel livre figure parmi les meilleurs ventes! Alleluia pour l'auteur! Un ancien responsable des éditions Stock explique qu'il a publié à cette époque 40 romans étrangers par an, deux ou trois d'entre eux devenant des succès à 200000 ou 300000 exemplaires, sans article de presse. Pourquoi un tel succès pour ces trois livres et pas les autres? Dans une lettre à un académicien, il a répondu: " On n'a jamais compris, ni comment cela se produisait..."
De temps à autre, un nouvel auteur "perce" subitement, faisant la Une de tous les grands médias; on apprend alors que son premier livre, bien qu'encore à paraître, est déjà sur le point d'être adapté au cinéma. Hollywood...bingo assuré! On appelle cela "un montage médiatique". Comment, alors que les critiques littéraires sont continuellement submergés de livres en service de presse, assaillis par les appels (téléphoniques notamment! de centaines d'éditeurs (plus de 4000 maisons répertoriées en France en 2008) et d'auteurs sur les nerfs, comment est-il possible qu'ils soient subitement tous d'accord (ou presque) pour annoncer haut et fort que tel auteur, qui vient de terminer l'écriture de son premier livre pas encore publié, est un génie (d'une certaine manière) et que son ouvrage sera le succès de l'année? Une seule explication: les campagnes de presse savamment orchestrées et payées à coup d'arguments sonnants et trébuchants, afin de lancer un nouveau poulain! C'est évidemment l'exception, non la règle générale, mais ces informations et faits sont avérés.
Contrairement à une idée répandue, hormis le cas de figure particulier décrit ci-dessus, la presse vient généralement couronner le succès d'une oeuvre plutôt qu'elle ne le provoque. Un auteur qui publie son premier ouvrage n'obtiendra que rarement des articles dans les grands médias nationaux dès sa parution. En vérité, le principal moteur de la réussite est le bouche à oreille soutenu par l'implication et la ténacité de l'auteur. Des lecteurs satisfaits qui incitent leurs amis et relations à acheter l'ouvrage au cours d'une conversation, voilà ce qui fait vendre avant tout, et ceci vaut d'ailleurs pour de nombreux produits culturels.
Bien évidemment, obtenir un article dans un journal, c'est avantageux, de même qu'obtenir une interview ou une présentation à la radio. Mais cela ne suffit pas. Il faut un relais du public, des lecteurs, ce qui relève d'une alchimie complexe qu'il est impossible à prévoir. Gaston Gallimard, fondateur de la célèbre maison d'édition, a dit un jour au jeune Robert Laffont venu solliciter ses conseils: "Vous ne serez pas un éditeur tant que vous parlerez de certitude. Après 40 ans de ce métier, je ne peux vous dire qu'une chose, c'est qu'on ne sait jamais rien du sort d'un livre..."
Il est évidemment intéressant de tenter sa chance avec les médias locaux, auprès desquels il est plus facile d'obtenir un article. L'expérience montre que ces derniers sont souvent plus réceptifs aux envois d'un service de presse mais qu'est-ce exactement que le service de presse?
C'est envoyer à des journalistes un exemplaire du livre. Ils en prennent ainsi connaissance et, si la thématique les intéresse, le présentent dans leur journal. Il peut s'agir de critiques littéraires, mais aussi de journalistes scientifiques, économiques, médicaux, etc. Le service de presse est ciblé selon le thème et le genre. Rappelons-nous cependant que la presse reste libre et indépendante: les journalistes décident seuls de présenter le livre ou de s'en abstenir. La différence avec l'achat d'une publicité réside à priori dans la gratuité des articles librement rédigés.
C'est la théorie car en pratique, les choses se compliquent sérieusement: en effet, les journalistes sont littéralement submergés de livres envoyés en service de presse, ne pouvant tous les lire et les commenter. Seule une infime partie sera finalement lue pour faire l'objet d'un "papier". Les amis seront évidemment les premiers servis... Mais cela ne signifie pas que le service de presse soit inutile. De temps en temps, un ouvrage "passe" et un seul article justifie les autres envois!
Il faut savoir également que les éditeurs ne sont pas systématiquement informés des articles sur leurs publications; faute de pouvoir scruter toute la presse en permanence, il arrive qu'un papier paraisse sans qu'ils le sachent. Le service de presse fait partie du travail de tout bon éditeur, chacune des parutions en bénéficie. Bien entendu, un auteur peut aussi offrir un exemplaire dédicacé de son livre à un ou plusieurs journalistes de sa connaissance: c'est d'ailleurs chose courante dans la profession, et il est souhaitable que l'auteur suggère à l'éditeur d'éventuels envois, notamment aux médias locaux (quotidien local, télévision régionale, radio locale...) et spécialisés, auprès desquels il est plus facile d'obtenir une interview qu'auprès des médias nationaux.
Que retenir en fin de compte? Les mots-clé sont: bouche à oreille, campagne de presse, implication personnelle de l'auteur et création d'un réseau d' "amis" mais l'on est comme l'on est: certains ont "la fibre", d'autres pas. Se faire aider? Seconder? Capital et...que la lumière soit! Merci à tous!
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