De plaisirs ou de joie, par Thierry-Marie Delaunois écrivain
Par
Delaunois Thierry-Marie
Le 24/05/2016
Dans Partage II
Vite, vite, vite, les courses! Sinon...
Diable, déjà quatre heures! Faut rapidement récupérer Violette à la piscine, elle va s'impatienter...
Vite, vite, vite, rejoindre Albert! S'il n'y avait point cette m...de bouchon de 8 km!
Quoi? Deux cents mails? Misère! Le stress car...trop, c'est trop!
Vite, vite, vite, appelez le doc! Pas jolie, la blessure, et il y a Rex qui...
Imprévus, contraintes, obligations, devoirs, autres impératifs, l'agenda saturé, la course contre la montre, voici notre quotidien et pour certains d'entre nous se rendre à la séance de sport, de yoga ou de méditation détendu est de l'ordre de l'utopie, l'adrénaline surgissant au quart de tour tel un diable d'une boîte, nous coupant dans notre élan et l'on tombe raide épuisé, l'organisme sur les nerfs, la limite atteinte. Et les vacances que nous prenons sont-elles réellement des vacances si chacun des acteurs a subitement des souhaits qu'il compte bien exaucer au détriment de l'autre? En fait...combien de temps par mois nous sentons nous bien, en phase avec nous-mêmes? Combien de...minutes? Et au bureau pourquoi tant de tension, voire de pression? Mais qui dit rentabilité dit performance et l'on songe à tenir le cap, le rythme, l'infernale cadence... Surtout ne pas lâcher, surtout ne pas fléchir! Et si soudain l'esprit ne suit plus, bonjour les dégâts avec une probable visite chez le psy qui vous signifiera qu'il est un temps pour chaque chose! La pensée positive, faut-il plus que l'envisager? A coup sûr! Ne négligeons point le délassement, les petits plaisirs, les petites joies si pas LA joie mais, au fond, quelle différence y a-t-il entre le plaisir et la joie?
Le plaisir, quel qu'il soit, n'est lié qu'à des sensations, se révélant temporaire, fugitif. Plume au vent avant de retomber tandis que la joie nous offre le sentiment de nous métamorphoser, de grandir, de nous élever, de nous enrichir, nous poussant à chanter, à devenir, à oser. Comme la foi parvient à déplacer les montagnes. La joie exige aussi à l'occasion que nous quittions nos habitudes, notre bulle, notre "zone de confort", celui-ci prodiguant du plaisir à l'être mais l'empêchant d'accéder à la joie profonde, authentique, une joie quasi extatique. La joie est également une réaction physique: quand nous nous regardons, nous contemplons, lorsque nous nous touchons, quand nous embrassons, de l'ocytocine est sécrétée, hormone de l'attachement. Si, si, c'est bien réel et même vérifié! Et la joie peut prendre diverses formes, celle d'un torrent tumultueux comme celle d'un lac tranquille; on peut tout aussi bien la ressentir dans la solitude comme en compagnie et elle est toujours une sensation de plénitude.
Dans notre vie à tous, à chacun, peut-on encore et toujours en cette époque accéder au plaisir et à la joie? Faut-il exclusivement faire ce que l'on aime le plus au monde pour parvenir à ressentir de la joie? L'on doit probablement bien se connaître soi-même avant tout mais il y a malheureusement ce satané environnement capable de nous pourrir la vie! Tout le monde est-il beau, est-il gentil? Certes point même en positivant un max!
Bien se connaître soi-même...ses qualités, défauts, forces et faiblesses? Dans le cas qui nous occupe (préoccupe?), il ne faut happer que le positif, le bon: les dons, le talent, le pur, l'inné qui sied aux autres et à nous-même! Y'a d'la joie? C'est ce que nous chantait Charles Trenet il y a déjà quelque temps et lorsqu'on examine de près les paroles de cette chanson, on découvre que tout y est, la joie pouvant naître de la plus pure simplicité des choses notamment mais pas de toutes bien sûr! Cultiver nos propres talents et en faire profiter les autres, cela peut-il nous procurer davantage que du plaisir? Allons...tentons le coup, expérimentons cela pour savoir ce qu'il en est. Une aventure extraordinaire! Et aimer les autres, cela aide-t-il? Les sentiments ne se commandent point: ils sont ou ne sont pas, un véritable danger et chercher à les contrôler peut occasionner une souffrance a-po-ca-lyp-ti-que! Comment s'en sortir alors? Rester soi-même en toute circonstance, n'est-ce point la clé de tout? Et si l'on ne sait point qui on est et ce pourquoi l'on est fait ou destiné, est-ce passer à côté de tout? Des plaisirs? De la joie? Du bonheur? Celui-ci existe-t-il au fond? Il dépend de l'idée que l'on s'en fait bien sûr ainsi que de notre santé intérieure, particulièrement la psychique! Posséder une âme est-ce un atout? Reconnaître son existence propre et sa pertinence, cela peut-il mener au grand feu de joie intérieur qui nous fera rayonner au regard d'autrui? Plaisirs et joie, quand vous nous tenez...toujours pour le meilleur? A bon entendeur...probablement!