"L'écrit...vain ou non vain?", par Thierry-Marie Delaunois auteur et chroniqueur
Par
Delaunois Thierry-Marie
Le 12/04/2018
Dans Partage II
"Le rôle de l'écrivain est de créer la vision par le style et de faire passer un courant magnétique entre le lecteur et lui". Marcel Schneider, "Mille roses trémières". Un courant de ce type est-il réellement imaginable? Peut-il encore et toujours se créer dans un monde où rapidité, rendement, hyperconsommation, connectivité permanente entre autres sont pratiquement devenus des mots d'ordre? Les files en séances de dédicaces sont-elles le reflet d'un véritable engouement pour tel ou tel auteur qui serait parvenu à créer ce fil invisible mais bien réel entre le lecteur et lui-même, ou simplement celui d'un besoin ou d'une envie irrépressible d'obtenir la signature et/ou quelques mots de cet être qui a réussi à nous emmener vers des contrées éloignées de toutes contingences matérielles ou matérialistes? Celles qui nous détournent de l'essentiel?
"Mille roses trémières": l'amitié de Paul Morand", une oeuvre de Marcel Schneider, année de publication: 2004, en collection blanche chez Gallimard, une écriture profonde, sincère, de qualité.
Créer la vision par le style? Si l'écriture est aguerrie, travaillée dans la simplicité du propos, et si le lecteur a développé en lui cette fibre qui lui permet d'accrocher et de s'immerger aisément dans le récit, nul doute qu'il parviendra à traduire les mots et pensées en images ou mini-film qu'il visualisera dans son esprit sans difficultés mais pour ce faire ne faut-il pas aussi qu'il y ait une affinité particulière entre l'écrivain et son lecteur? Le livre principalement, ce qu'il nous dévoile, détient la clé de cette alchimie possible, ce qui se dissimule entre les lignes également et c'est ici que souvent tout se décide, se fait ou se révèle. Courant ou pas finalement? La fluidité du propos entre certes en compte mais est-ce suffisant? Deux sensibilités se rencontrent, l'une jugeant l'autre de manière intuitive, un curieux courant que Marcel Schneider qualifie de magnétique, l'un aimant l'autre. Réciproquement? Si tel est le cas, comment le vérifier? La rencontre physique entre l'écrivain et le lecteur est primordiale pour déterminer s'il y a véritablement courant et c'est le lecteur qui, par les premiers mots qu'il adresse à l'auteur, des mots en théorie spontanés et pensés, confirmera en quelques petites secondes si l'alchimie a opéré, l'un ne pouvant que sourire, parfois même rougir, au compliment reçu de l'autre, le remerciement également de circonstances.
Auteur de huit publications - six romans et deux recueils -, chroniqueur littéraire et événementiel, membre de l'Association des Ecrivains Belges de langue française A.E.B., mes armes d'auteur publié se sont forgées dans la lecture et un écrivain de notoriété mondiale me touche particulièrement depuis de nombreuses années par le style et la profondeur de ses écrits. Le lire me transporte, me réjouit, quelque chose passe et se passe, c'est clair, indéniable même. Comme un écho à ma propre vision de l'existence. Comment expliquer cela? Par des parcours de vie ponctués de faits assez similaires qui nous ont marqué chacun de notre côté, je le sais, et le rencontrer en séance de dédicaces où au détour d'une conférence est pour moi toujours un plaisir visiblement partagé même si l'un de nous n'est que reconnu dans le milieu littéraire sans être connu du grand public. Ses mots en écriture? Réfléchis et judicieux! Ses paroles en rencontre? Choisies et pesées tout en donnant l'air de ne pas les avoir préparées, soyons francs! Un courant? Des plus beaux, que l'on ressent jusqu'au plus profond de soi...Merci de m'avoir lu jusqu'au bout!