Identité, extrait de "Au fil d'Isis" de Thierry-Marie Delaunois

  Je ne peux m'en empêcher, c'est tout moi: quand un texte, qu'il s'agisse d'un roman, d'un conte, d'une fable, d'une nouvelle ou d'une poésie, me plaît, un singulier frisson me parcourt insidieusement l'échine, signe qu'il y a affinité, parfois même osmose, entre lui et moi; il me faut alors tout lire de cet auteur, absolument tout. Apprendre à le connaître, le sentir, le pénétrer, vous me comprenez, n'est-ce pas? C'est pour moi une forme d'amour. Platonique? Pas réellement, je ne crois pas mais quand je me mets à aimer, il faut, paraît-il, se méfier, voire se casser car je ne suis plus moi-même, ne me reconnaissant plus, agissant en autre. Qui?

  Plus moi-même... Serait-ce plutôt ma véritable personnalité, mon moi profond qui émerge à cet instant-là, celle de la secrète Isis... Pardon, je ne me suis pas présentée! La honte! Qu'allez-vous penser de moi? Je vous prie de bien vouloir m'excuser, me pardonner; là je courbe l'échine, soumise à votre critique, votre jugement, espérant avoir droit aux circonstances atténuantes. Que le Grand Jury m'accorde sa grâce et conclue au non lieu!

  Isis de Saint-Cognac - j'y suis pour rien, c'est le nom de mon père, pas un pseudo -, déjà quarante balais, de fines lunettes en écaille, un air intello - seulement l'air, rassurez-vous! -, grande rousse célibataire - je l'avoue sans détour, espérant votre clémence car à cet âge on est généralement casé -, tout ça, c'est moi!

  Où j'en suis et où suis-je? En bord de mer, le Nikon en bandoulière, la jupe bleu océan, le chemisier rose bonbon et, tenez-vous bien, je chasse! A quoi pensez-vous là? Mais non! Je fais de la photo, effectuant des reportages, recherchant l'insolite, l'extraordinaire s'il est toujours de ce monde!  Là vous me voyez lucide et, s'il vous plaît, ne vous fiez pas trop à ce petit air mélancolique que je tiens de ma mère. Une sacrée mère. L'hérédité, toujours présente et parfois fort abrutissante!

  Mais revenons-en à nos moutons, en l'occurrence à cet auteur que j'ai découvert, dont je suis tombée raide dingue, ses mots et ses phrases ayant trouvé en moi un curieux écho comme si nous étions complémentaires. Une petite brise s'étant à présent levée, fraîche mais agréable, je ne peux que songer à ce texte "Vent d'ange", très nature, qu'il a écrit alors que le vent le caressait. Très probablement. Je vous laisse découvrir ce texte, faire connaissance avec lui; un conte poétique suivra, tout aussi touchant, émouvant même; ensuite nous en reviendrons à moi, simple mortelle foncièrement seule dans la vie mais ne l'est-on pas tous quelque peu? Interrogez-vous de préférence après une solide réflexion: coeur solitaire ou pas? Telle est la question. A tout de suite...

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Avec ci-dessous la critique de Carlos Vaquera, une personnalité bien connue en Belgique...que voici avec le recueil de Thierry-Marie Delaunois!