L'Intime Festival de B. Poelvoorde vu par Thierry-Marie Delaunois
L'Intime Festival de B. Poelvoorde vu par Thierry-Marie Delaunois
"Un festival sur l'intime et sur la littérature en grande partie, mais pas seulement. Ce festival, c'est venu d'un moment de spleen, d'une période où j'avais l'impression de faire tout le temps la même chose... La littérature, c'est mon jardin secret, c'est vrai. Mais au fond, est-ce que ce n'est pas génial de communiquer son plaisir?" B. Poelvoorde, 48 ans, acteur, grand lecteur, admirateur de Léon Bloy écrivain-fétiche de notre ami Benoît, à qui il dédie l'événement, connu pour ses écrits souvent autobiographiques, témoignant de la Commune et de la Guerre de Prusse notamment.
"Rien de plus intime, solitaire, mystérieux, que la lecture et l'écriture, conversation silencieuse entre deux esprits. La littérature, lorsqu'elle touche son but, révèle la profondeur, parfois orageuse, souvent étrange, d'esprits, de corps, de familles, d'individus." Victor Pouchet, conseiller littéraire du festival, une belle sélection à la clé.
Plus d'un millier de personnes attendues dès le premier soir, trois jours de lectures (par B. Poelvoorde, Catherine Frot, Eric Caravaca, Jaco Van Dormael et Edouard Baer), musique, projections de films (de Benoît Jacquot entre autres), dessins, photos, cartes blanches, lectures-rencontres et chambres d'écho avec Wajdi Mouawad, un bar et une terrasse extérieure, une lecture inédite à deux voix - B. Poelvoorde et Laurent Gaudé - le vendredi soir, une librairie, bien fréquentée (veni, vidi), installée dans le hall d'entrée du Théâtre Royal de Namur proposant les livres présentés durant le festival ainsi qu'une sélection plus large, avec rencontres et dédicaces, notre Benoît n'a réellement pas lésiné sur les moyens pour son premier Intime de ces vendredi 30 août, samedi 31 août et dimanche 1er septembre 2013, partage d'émotions au rendez-vous, de sentiments garanti!
Que pourrions-nous épingler au programme du samedi? Grande salle: 12h: la lecture de "J'ai réussi à rester en vie" de Joyce Carol Oates par Catherine Frot, concentrée, inspirée, le public comme en haleine; 14h: les lectures de "Les boîtes en carton" et "La langue de ma mère" notamment par Tom Lanoye, une atmosphère quelque peu différente liée à la voix de notre lecteur, voix envoûtante, accrocheuse; 15h30: l'entretien avec Patrick Declercq par Antoine Laubin, entretien vivant, attrayant; 20h15: la lecture de "Adolphe" de Benjamin Constant par Eric Caravaca, l'ami Eric en forme, pareil à lui-même pour qui le connaît mais sérieux.
Et lorsqu'on pérégrine en dehors des lieux où se déroulent les divers événements, c'est surtout feutré, un peu Paris salon du livre, mais par-ci par-là des rires, des discussions de groupes animées, des flashs soudains...auxquels j'ai heureusement échappé, moi, auteur belge de quatre romans, qui n'était point là pour me faire remarquer, plutôt pour m'imprégner, m'intégrer, me fondre...
Pari réussi pour notre cher Benoît? Trois mille personnes au final pour un festival exigeant et peu people, succès qu'il a porté tour à tour avec angoisse, humour et passion, l'envie de recommencer, des applaudissements nourris, la présence de David Vann, Olivia Rosenthal, Stefan Liberski, Didier Eribon, de la magie sur Namur et son théâtre, et notre Benoît présent dans le public, les débats, les coulisses, à prendre un verre (peut-être deux...), excité, faisant le clown (au moins un témoin...). Des moments de grâce bien sûr; quant à moi: des mots plein la tête, des sourires partagés, quelques verres en terrasse, des échanges intimes et une pensée pour une amie parisienne, femme exceptionnelle selon moi, qui aurait bien aimé être présente ici, à qui je dédie cette publication. Pour terminer, laissons la parole au créateur du festival: "C'est curieux pour quelqu'un qui fait du cinéma mais la voix, pour moi, transmet mieux que l'image. L'image peut faire des choses, la voix, elle, te trahit, elle ne peut rien cacher. C'est elle la plus intime." Puissance, poids, intimité, vie...
Benoît Poelvoorde en compagnie de Thierry Bellefroid, journaliste et homme de Lettres.
Partages avant restructuration du site: tw:30 G+:2 fb:14