A découvert de Harlan Coben lu par Thierry-Marie Delaunois

  "J'ai ouvert la marche, sentant mes genoux trembler littéralement. Nous avons enjambé la clôture et remonté le sentier jusqu'à la pierre. Je me suis penché. Ema a fait de même. La musique résonnait toujours doucement, mais maintenant, dans le silence de la nuit, je distinguais les paroles: "Mon unique amour, Nous n'aurons plus d'hier..." Je connaissais cette voix - Gabriel Wire, du groupe HorsePower, peut-être? -, mais je n'avais jamais entendu cette chanson. J'ai braqué ma torche sur la pierre tombale. Soudain, il m'est venu l'idée bizarre que j'allais voir le nom d'Ashley..." Mais qui est Ashley?

  Huitième roman d'un auteur vivant dans le New jersey ayant obtenu les trois prix les plus prestigieux en littérature policière aux USA, oeuvre plaisante au style juvénil ponctuée de considérations humoristiques et plus qu'attrayantes, "A découvert" a cette particularité d'impliquer le lecteur, l'entraînant tête baissée dans le sillage de Mickey quinze ans, neveu de Myron Bolitar, ado tenace et peu regardant quant à assurer ses arrières. D'une écriture simple, sans fioritures, le roman possède un bon rythme, pas spécialement endiablé mais offrant malgré tout une intrigue bien construite: inquiet suite à l'étrange disparition de sa copine Ashley, Mickey, nouveau au lycée, s'acoquine bientôt avec Ema, ado enrobée toute de noir vêtue, genre gothique, Spoon, catégorie geek, lunettes rondes à la Harry Potter, et finalement Rachel, la fille la plus canon du lycée qui semble s'intéresser à lui.

  Qu'est-il arrivé à Ashley? Qui a vidé incognito son casier? Qui est cette petite vieille, surnommée la femme chauve-souris, qui semble vouloir se cacher... du monde? Péripéties, situations délicates, de perpétuelles interrogations émaillées de réflexions parfois hilarantes, ce récit est un véritable tour de force, Coben s'étant inspiré de la vie de ses propres enfants et de leurs amis, "A découvert" se présentant comme un spin-off, première oeuvre d'une série Young Adult que l'auteur compte poursuivre. Pourquoi pas? Car on sent à chaque page le plaisir d'Harlan, on plonge dans l'intrigue sans se poser de questions, on compatit aux malheurs de Mickey (père décédé, mère en désintoxication), on s'amuse de certaines situations, des répliques de Ema et de Spoon, et quand la belle Rachel déboule, on fond ni plus ni moins malgré l'impression de déjà vu. Mais Coben n'est pas n'importe qui, son sens de la repartie, notamment, fait toujours mouche et, même s'il s'agit d'un roman Jeunesse, on le retrouve, pour qui le connaît. Pour qui a lu et aimé ses précédents ouvrages.

  A laisser de côté? Sans savoir si la blonde Ashley aux yeux clairs est toujours en vie? Et cette tombe, est-ce la sienne? "...le nom d'Ashley inscrit dessus, que quelqu'un l'avait tuée et enterrée ici, que c'était la fin de ma quête. Cette pensée n'a duré qu'une seconde, mais assez pour me faire frissonner des pieds à la tête. Quand le faisceau de la lampe est tombé sur la pierre, j'ai d'abord remarqué qu'elle était vieille et usée. Si un animal domestique reposait ici, il était mort depuis longtemps. La deuxième chose que j'ai vue, ce sont des mots. Une épitaphe, sans doute. Je l'ai lue une fois, puis deux, sans être sûr de bien comprendre." Quel mystère entoure cette pierre tombale s'élevant à l'écart de tout, au fond du jardin d'une maison délabrée qui semble toujours habitée? Quelqu'un y vit-il? La femme chauve-souris? Au tour du lecteur de se mettre à découvert et de tenter de comprendre... Lui faudra-t-il affronter cette femme? Telle est l'une des questions qu'il se posera. Le message sous-jacent? Il y en a un, universel... 

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