Glacé, de Bernard Minier, par Thierry-Marie Delaunois
Glacé, de Bernard Minier, par Thierry-Marie Delaunois
"Il comprit qu'elle se demandait comment elle réagirait si cela lui arrivait à son tour. La peur est une maladie contagieuse, se dit-il. Il y avait dans cette enquête un élément d'une noirceur absolue, une masse critique profondément sinistre qui formait le coeur de cette histoire..." Les vies du commandant Martin Servaz et de la gendarme Irène Ziegler étaient-elles menacées ? Ils semblaient s'approcher et entrevoir une vérité extrêmement dérangeante... ou faisaient-ils fausse route ?
"De répit, point, ni pour les personnages, ni pour nous. Une réussite !", d'après Le Point, pour le premier roman "Glacé", un roman saisissant et fort bien ficelé, de Bernard Minier, écrivain originaire de Béziers né en 1960 détenteur avec cet ouvrage du prix du meilleur roman francophone au festival polar de Cognac. Glacé ? Nous sommes au début de l'hiver et au pied d'un pic pyrénéen quand soudain, par un jour glacial, le corps sans tête d'un cheval est retrouvé suspendu entre ciel et terre, une découverte surprenante, effrayante, de surcroît aux abords d'un centre psychiatrique de haute sécurité dans lequel sont incarcérés de dangereux criminels, parmi eux se trouvant le célèbre et peu fréquentable Julian Hirtmann, un Suisse au singulier palmarès...
Un flic mélomane très intuitif, proche de la quarantaine, son élégant et emprunté adjoint, une jolie gendarme déterminée, un jeune juge prétentieux très procédurier, un autre plus âgé très expérimenté, un milliardaire et aventurier autoritaire, un directeur de centre psychiatrique incisif et plutôt pointilleux, une infirmière-chef type Terminator, une proc fière et responsable, une jeune psychologue fouineuse et un assassin de la pire espèce évoluent tels des pions au coeur de ce polar fascinant à plus d'un titre, nous menant sur de multiples pistes à la fois enneigées et tortueuses. Subitement un nouveau meurtre sordide, puis un autre peu après, qui nous plonge dans la stupéfaction et l'expectative. Diane Berg, la jeune psy du Centre, se doit poutant d'approcher Hirtmann : "Mais ce qui la frappa d'emblée, ce furent ses yeux. Perçants. Noirs. Intenses. Des prunelles qui brillaient d'un éclat rusé mais qui ne cillaient pas. Il plissa les paupières et elle sentit son regard l'envelopper..." Bien qu'enfermé, Hirtmann a-t-il un lien avec les meurtres commis au dehors ? Et pourquoi s'en est-on pris au cheval préféré de Eric Lombard le milliardaire ? Une enquête serrée et oppressante à souhait dans une vallée encaissée au décor aussi glaçant que... glacé !