Personne ne le croira de Patricia Mac Donald lu par Thierry-Marie Delaunois

  "Elle était toute seule, assise dans son fauteuil, à l'affût du moindre bruit, rassemblant son courage en prévision du moment où cette fragile quiétude serait fracassée par le plus enragé des intrus. Car elle viendrait, inéluctablement. Ce n'était qu'une question de temps..." Qui donc Hannah attend-elle dans la plus grande angoisse, blessée physiquement et dans son amour propre? Ce après avoir été violemment projetée sur les voies du métro et avoir survécu? Doit-elle s'attendre au pire?

  Un cauchemar insoupçonnable pour une famille en apparence ordinaire, une petite fille innocente en proie au pire danger, une multitude de sentiments très diversifiés pour un suspense psychologique bien dosé, le tout saupoudré d'une tension manifeste, "Personne ne le croira" (Titre original: I see you) de Patricia Mac Donald, c'est également une belle part aux dialogues simples mais concis, mot d'ordre: ni trop ni trop peu de tout et notons au passage le sentiment de Publishers Weekly: "Le mal, le vrai, celui qui est à l'oeuvre dans les romans de P. Mac Donald est d'autant plus insoutenable qu'il émane de personnes et de milieux à priori 'normaux'."

  Les protagonistes? Alan, Anna et leur fille Cindy, l'adorable petite Cindy sur laquelle ils veillent avec tendresse et dévouement. Lorsqu' un de leurs proches est soudain victime d'un accident cardiaque, Anna et Cindy se retrouvent malencontreusement sous le feu des médias; c'est alors la panique pour la petite famille tout à coup obligée de fuir un passé menaçant qui pourrait bien les rattraper, passé qu'ils tentaient d'oublier et l'on découvre finalement qu'ils ne se nomment pas Alan, Anna et Cindy mais en réalité Adam, Hannah et Sydney. Que s'est-il donc passé pas loin de deux ans plus tôt, les forçant ainsi à fuir?

  Traduit en un bon français - ce qui n'est pas toujours le cas, voir certains romans de Michael Connelly -, "Personne ne le croira" fait partie de ces thrillers psychologiques prenants, plusieurs questions s'imposant ici à notre esprit tout au long du récit. La pire des perversités se dissimule-t-elle souvent derrière un visage d'ange? Comment éventuellement la repérer et l'identifier? Comment cela va-t-il finir? En ressortir indemne pour une mère de famille plus qu'impliquée, est-ce possible? Envisageable?

  Patricia Mac Donald, reine américaine du suspense dont les modèles sont à chercher du côté d'Agatha Christie et de Ruth Rendell, n'y va pas par quatre chemins, explorant au scalpel une famille comme tant d'autres en apparence, nous accrochant et nous entraînant dans le sillage d'une Hannah tourmentée, stressée, au bord du gouffre: "Elle alluma la télévision mais le son l'empêcherait d'entendre un craquement suspect. Elle éteignit et prit un livre. Elle ferait peut-être mieux de se coucher pour lire. Elle était éreintée. Elle emporta son téléphone dans la chambre et le posa sur la table de chevet d'Adam. Le lit qu'ils avaient partagé paraissait abandonné, et cela lui fut insupportable..." Paralysée, Hannah: peur de sortir de la maison, de rester là, de sortir de son lit, ployant sous le poids de l'angoisse et d'un pénible sentiment de vacuité... Reverra-t-elle un jour son mari ainsi que la petite dont elle n'a toujours voulu que le bonheur et rien d'autre? Patricia Mac Donald détient la réponse: plongez dans "Personne ne le croira", croyez-y... ou pas, surtout accrochez-vous! Un dernier conseil? Ne pas lire la fin juste avant d'aller vous coucher, sinon la nuit...