Dans les yeux de l'Afrique, de Leïla Zerhouni, par Thierry-Marie Delaunois
Dans les yeux de l'Afrique, de Leïla Zerhouni, par Thierry-Marie Delaunois
"Une douce folie s'est emparée de moi. Pas la force de résister. Nul ne peut lutter contre ses démons intérieurs, bêtes sournoises qui vous rongent jusqu'aux entrailles. Un matin, tout se brouille..." Dans son avion à destination de l'Afrique, Luce sent en elle des brêches qu'il lui faut colmater. Qu'a-t-elle vécu pour ressentir autant d'émotion ? Pour se poser tant de questions sur ce grand saut qui l'attend ? L'Afrique, le Zimbabwé, "ce continent aux 1001 douleurs, aux 1001 richesses, aux 1001 espoirs" (quatrième de couverture).
Une écriture élégante, une narration claire, d'une grande maîtrise, une émotion et une sensibilité qui ne peut que nous toucher, nous ravir, nous transporter, sont les principaux attraits, ou caractéristiques, de "Dans les yeux de l'Afrique", le second roman, après "Femmes empêchées" (également aux éditions MEO), de Leïla Zerhouni, autrice et conteuse-née, professeur d'anglais et d'allemand dans la vie courante, née à proximité du Parc de Mariemont. Si l'on a lu ses nouvelles "Staccato" et "Le Luthier de Bagdad" ainsi que son premier roman, l'on ne s'étonnera point de la qualité d'écriture de Zerhouni qui fait également preuve d'un sens bien développé de la dramaturgie. "Dans les yeux de l'Afrique" est en fait bien davantage qu'un roman, c'est un véritable périple, au coeur de l'Afrique, à la rencontre d'une culture fortement empreinte de traditions très ancrées. Mais que raconte ce voyage ?
Belgique : Luce, traductrice de modes d'emploi rêvant d'une meilleure destinée, rencontre Qina, jeune migrant zimbabwéen sculpteur talentueux, avec lequel elle se lie d'amitié mais le jeune homme disparaît soudain après avoir façonné une étrange statuette. C'est alors le questionnement, l'inquiétude ; désemparée, Luce part sur ses traces, pleine d'espoirs mais également de doutes. "L'après-midi, je déambulais à travers les rues de Bruxelles dans l'espoir vain d'apercevoir mon ami. De cet amour balbutiant ne subsistait qu'une poignée de sculptures, dont un visage. Plus je l'observais, plus je pressentais un terrible secret derrière ces mystérieux traits..."
C'est en tant que coopérante que Luce débarque bientôt au Zimbabwé où elle fait la connaissance de la jeune soeur et de la mère de Qina, celle-ci réagissant avec violence à la vue de la statuette. Qui représente-t-elle ? Ce pays aura-t-il raison d'elle ? De son esprit et de son âme ? Retrouvera-t-elle un jour le disparu ? Ce très beau récit vous entraînera dans les méandres et la complexité de l'être, d'êtres qui évoluent au coeur d'un continent où c'est le sacré qui prédomine et permet de déchiffrer les mystères de l'humanité.